et c’est comme va le corps
qu’emporte la voix
au loin de la rive
qui n’est plus que sable
parmi cet ici toujours
on entend le vent
et le fleuve absent
brûle les pupilles
au juste de ce qui est
et c’est comme va le corps
qu’emporte la voix
au loin de la rive
qui n’est plus que sable
parmi cet ici toujours
on entend le vent
et le fleuve absent
brûle les pupilles
au juste de ce qui est
c’est dessus les décombres
on voit briller les lierres
et leurs fruits noirs recouvrent
une grille de fer
les ronces du soleil
c’est ici la mémoire
et l’âtre du séjour
où vit un vieux bois sec
noueux parmi l’hiver
ici — on entend comme
le vent passe la main
un frisson d’herbes sèches
c’est et déjà plus avant
tout un silence existe
la place nue est vide
un peuple sculpté veille
sous les arches — l’obscur
qui vit en chaque souffle
le temps va et dénoue
ici le visage ouvre
devant lui un regard
que lui accorde l’ombre
tout — le jour semble vain
on sait la branche morte
au toucher qui la brise
puis la rend au feu — mais
dehors un oiseau rêve chante
c’est nuit et cela cherche
la source qui est là
ténue presque cachée
au coeur sec de l’adret
outre soi comment dire
le silence un murmure
le cri sourd de la soif
l’autre fin plus avant
l’obscur travail du corps
on va encore ici
ce n’est jamais le même
nom qu’offre la nuée
au monde — sous les ciels
le vent courbe l’arbuste
on suit dans les bruyères
une sente où demeure
à jamais la parole
qui ne renonce pas
ces feux loin devant soi
on peut croire toucher
là un monde et l’immense
que la lumière trace
un fil d’eau brûle et danse
et la demeure est d’ombres
et les mots vont se perdre
comme un bruit bas ici
bleu sans autre aucun repère
ce reflet sur les eaux
quel sillage sans trace
comme en avant de soi
une forme sans nom
longtemps les yeux s’y brûlent
et puis la voix reprend
le lourd travail des jours
où delà la fatigue
— on a franchi le seuil
un rien de couleur perce
ça et là un chant bas
frêle dessous le vent
et la gelée prochaine
aux franges du visible
il n’y a que cela
que la lumière change
d’un jour l’autre plus nue
l’herbe rase s’éclaire
ici de loin en loin
la nuit de toujours règnemais jamais elle n’emporte
l’autre part de la rive
où la rosée vient luire
les pointes d’herbes sèches
se nouent à la lumière
qui passe le silence
et nous remet au monde