en allées_84

quelques reflets passent
ici depuis le fleuve
le cours du temps s’érode
comme rive de sable
on va des chemins suspendus
sur quel abime
presque sans jamais savoir
les nombres ni l’étendue
l’éblouie devant soi
seule
comme un monde se défait
et laisse ça et là
quelques bouts de verre brisés
que le soleil fait briller


en allées_83

déjà
les herbes folles hautes
autour d’un chevalet
de bois et de fer
la rouille ronge rouge
le métal
le vieux bois blanchi
durcit la lumière
on barre la voie
aux trains perdus fous
parmi leur seule vitesse
mais devant soi
demeure le songe
pris à la nuit des temps


en allées_82

quels les hauts cris
cachés parmi la friche
et les branches brisées
par la crue d’avant
on va parmi le profus
sans entendre rien du chant
juste au-dessus des eaux
plane le reflet des saules plane
et les arches du pont
ô les absentes de fer
ne retiennent rien
ni des flots ni du jour
qu’étreint toute étrange
la brume



en allées_81

on sait le vent sur la rive
la lisière est penchée
toute sans visage
au rebours du fleuve
mais l’eau en furie est sans
reflets sans accalmie
on demeure auprès d’un feu
bas et couvert
dans l’ombre plus calme
le geste humble renoue
au plus simple vivre
le jour ce peu qui tremble
sur le seuil on a laissé
brûler une lampe


en allées_80

ce rien que le jour lève
sous la la nuée de pluie
on est cela qui s’éveille
sans pourquoi
le dehors bruit d’averse
et la lumière tremble
dessus les flaques brèves
des lueurs
la poussière des nuits
tourne en astres irréels
à même l’eau noire
le souffle reste sans
prise sur la gangue du monde
il est temps de partir


en allées_79

un dehors du songe vivre
quelle chose en demeure
ici
dans un cri rauque et haut
ce sont des corbeaux
sur la lisière nue
quelques notes inscrites noires
à la portée des nuages
et les vents soudain doux
mènent la pluie
vers des terres trop sèches
pour accepter l’offrande
il faut entendre aussi
en soi le silence


en allées_78

cela qu’on entend haut
déjà un vol d’oiseaux
migrateurs dans les ciels
ouverts
ça et là les vents épars
dispersent la cendre
et l’hiver reflue à regrets
les ombres sont longues encore
on est aux chemins
aux lisières et au plus loin
des herbes sèches
ce peu de la terre
vivre ici comme rien
l’énigme vient bruire


en allées_77

ce dire tout un
qui va à l’inconnaître
peu à peu s’égare et s’éloigne
sans fin tout un monde étrange
sans forme éperdue
une plume tombe
pour un plus haut silence
que le sable accueille ici
ce rien un chant perdu
sans nom
et tout soudain un fleuve
delà les rives la nuit
de soi traversée
vers ce que l’on ne sait pas
vers cela d’aucun savoir


en allées_76

cela du songe
que reflète l’eau d’un trait
ce sont des ciels
perdus et mêlés au monde
le vent fou à venir
ici pose une embâcle
et les branches brisées ploient
où le pas du temps va
quoi sonne sinon ici
la forge d’un vent fou
souffle en vain sur les flaques
le monde est ce torrent
et ces pluies froides
sans pitié



en allées_75

c’est sans mémoire
le feu froid d’un fer l’hiver
la peau et les yeux brûlent
la neige de printemps
on va tout à l’obscur
entendre la peine
parmi le temps des ombres
sous l’herbe désolée drue
on retrouve cela
dedans la grisaille
le regard se repose
sans chercher le loin
en soi ce rien
ici où revenir