on va devant soi
un peu de vie
ici tremble dans l’ombre
et les iris
les yeux grands ouverts
comme un reflet
d’une forme plus haute
viennent se perdre
où naissent les eaux
on va devant soi
un peu de vie
ici tremble dans l’ombre
et les iris
les yeux grands ouverts
comme un reflet
d’une forme plus haute
viennent se perdre
où naissent les eaux
on ne sait
ce que la forme rêve
brève et changeante
parmi les nuages
ni ce que la couleur
toujours insensée
vient dire du désir
et du vœu de silence
quels ces ciels sans pourquoi
corps tissés parmi rien
des reflets sous les branches
nouent comme_une parole
et son creux de silences
aux ombres de grands vents
puis le bruit d’un feuillage
ondule sur les eaux
on va au loin d’une eauclaire lumineuse et sonore
un bas bruit bas — froissé presque
stridule sous les herbes
déjà sèches du pré
— la faux a oeuvré là
lasse de trop attendre
de toujours on entend
le vol des libellules
un temps de silence
le soir penche sans bruit
des soleils de pierre
de fer et de rouille
où se lève le vent
le rien tout auprès
presque à toucher
un peu d’âme en éclats
pour respirer plus loin
le seul mot myosotis
tache bleue et fragile
et pourquoi vouloir tant
nommer — dire le rien
le vent une herbe folle
le peu suffit pour être
soi — une larme claire
les yeux voient à nouveau
partout une autre langue
vergiss mein nicht
quel autre du pas
autour de soi
on sait les ciels toujours
et un surplomb
au-dessus des ombres
de seules herbes folles
on passe sans détours
le gué et le vide
juste avant la chute
est-ce d’un songe cela
quelques brumes loin
hier où fut le jour
clair
l’air vibre mais de quelles notes
en dehors
le monde comme_un décor net
mais quelle la pièce
et ce qui se joue là
on sait la dérive
la nuit un continent
doucement s’efface
et cède une après l’autre
des étoiles connues
parfois la nuée d’une aube
qui prend aux lisières
laisse transparaître
une ligne de fuite
un temps — trop plein des heures
et fixer le sable
le vent lent et lourd
de presque l’été
et tout s’écoule lentement
des coquelicots ouvrent
la couleur froissée rouge
fragile — avec eux on oscille
le monde va instable