un creux lointain de jours
quoi vient bruire au silence
le temps
un instant immobile
à même la couleur
les ombres tournent se font longues
et c’est le soir
sans que rien ne dise
à l’aube
sans pourquoi on revient à soi
un creux lointain de jours
quoi vient bruire au silence
le temps
un instant immobile
à même la couleur
les ombres tournent se font longues
et c’est le soir
sans que rien ne dise
à l’aube
sans pourquoi on revient à soi
ces poussières
une forme sans nom
retour à la terre
de feuillages passés
sans aucune trace
l’odeur de la rosée
rappelle ce qui fut
on se mêle au vivant
puisque le vent se lève
comme étranger en soide soi le plus lointain
depuis la rive
des plongeurs rejoignent l’eau verte
de toujours sous les ponts
le songe ne sait pas
une ombre pour mémoire
le temps d’être s’enroule
à un reflet de ciels
où passe l’éphémère
un grisaille de ciels
bas et lourd le monde
la ville pèse
un lambeau de temps
mais qui pour entendre
comme crient les voix
fausses et mêlées
la colère même
une voie sans issue
et au bout
tout au bout
quoi?
une pierre tombe
au plus obscur du puits
une eau noire toute irréelle
et là-bas dans les prés trop clairs
que l’ardeur de jours plus longs brûle
l’herbe sèche n’abrite plus
la rosée qui demeure absente
ni le chant des grillons ni rien
de la terre d’où la poussière
seule forme un lent tourbillon
le plus simple ici sans retour
passe la main sur le visage
de chaque statue et l’érode l’efface
— et qui pour accepter de n’être
que cela — juste au seuil du temps
le vent d’été dans les roseaux
ici dansent les ombres
les feuillages murmurent
comme devant la cendre
le feu même s’incline
les yeux se sont ouverts
un pan secret de rêveles yeux se sont ouverts
un autre de l’obscur
éclaire chaque mot
il n’y a rien delà
le souffle au creux de l’aube
et la rosée des jours
cela pour seule voix
on va parmi le monde
outre tout le silence
quelles les voix sourdes
et pourquoi leur fredon
contrebas qui insiste
et chante sans raison
toujours comme le jour
mêle ce qui revient
à ce qui jamais plus
ne sera
un souffle de vent
avant la lumière
et l’odeur de vieux arbres
ici respire
toute une aube rouge
des oiseaux irréels
traversent le silence
comme on touche au rivage
quel ici pour qui erre
derrière soi quel autre
rien — qu’il ne reste rien
de ce qui fut le gué
où être le passage
comme d’une eau plus claire
pour peu qu’on se retourne
rien autre que la cendre
le gouffre et le temps versés vains
comme un sel sur les plaies la terre
mais du seul feu déjà
point du jour
et disparaître
renaître
un visage sans forme
quoi vit à bruit bas
une ombre plus noire
danse sous les arches
on dirait qu’un cercle
dessine le pont
juste sous les arbres
la terre se dérobe