dedans soi la nuit sème
le rien où aller seul
chercher à même soi
ce qui est — une roche
goutte à goutte le sens
et le sable plus loin
à la merci du fleuve
érode le rivage
on rejoint pas à pas
dedans soi la nuit sème
le rien où aller seul
chercher à même soi
ce qui est — une roche
goutte à goutte le sens
et le sable plus loin
à la merci du fleuve
érode le rivage
on rejoint pas à pas
c’est nuit — qu’est-ce que dire
dans les prés un héron
guette delà la faim
et plus loin la gelée
un souffle dans l’hiver
glace et sculpte les formes
du plus simple brin d’herbe
merveille nue pour rien
là-bas on dirait l’aube
on est au long du fleuve
et les basses eaux bleues
vont froides impassibles
au rebours de la rive
où la lumière brûle
et les branches s’emmêlent
en friches que le vent
délaisse de briser
la brume des lointains
ici une éblouie
la rive fait détour
et tout soudain l’éclat
épars dessus les eaux
et les yeux pleurent d’être
ce rien que les roseaux phragmites
chantent delà le gel
et le vent d’hiver mord
les feux où le soir brûle
ces lieux que sont les joursquels lieux pour ces jours brefs
on sait chaque feuillage
le corps de la couleur
là-bas un doux tremblé
la nuit le vent l’hiver
quoi étoile les yeux
par-delà les ciels blancs
le fleuve rejoint l’aube
un feu court sur les eaux
ce chant sourd depuis l’aube
il n’est plus celui seul
dans la ville et ses rues
qui erre et gronde là
une forme sensible
on entend la statue
un geste soudain fluide
dont le sable respire
celle qu’on ne voit plus
cela de loin en loin
il n’y a nulle autre eau
que celle qui bruit simple
et pauvre à jamais — claire
comme un dire que cherche
et le souffle et la voix
et le seul voeux d’attendre
la neige qui approche
le silence à rejoindre
les formes tombées
là où la rivière
file les destins
à ses mains confiés
du haut des vieux arbres
on perçoit l’éclair
où le songe approche
les lointains soudains
rejoignent le temps
un feuillage sombre
dessous les ciels blancs
du temps se dépose
et plus loin un cri
çà et là aux branches
des ailes s’éploient se posent
en vain — le froid brûle
la forme des chosesparmi ce qui estcomme sur le vide
où le lierre prend
on va sans chemin
la brume et la neige
éclairent les arbres
nus que le temps ouvreà quoi disparaît
une l’erre renoue seule
cela qui nous touche
— ce voile demeure
delà les limites
les lignes du monde