on retourne revient en vain
à cela qui fut
— à quoi bon encore
un chant — l’adresse
nocturne ne franchit
du gouffre rien
— chaque pas retombe
à sa poussière.
on retourne revient en vain
à cela qui fut
— à quoi bon encore
un chant — l’adresse
nocturne ne franchit
du gouffre rien
— chaque pas retombe
à sa poussière.
la terre alluviale
et les roches rouges
mêlées par les eaux
toutes d’inconnaissable source
et de plus lointains encore
galets de nuit sillonnés
par tout un flot fossile
pour quelles ombres aimées retenus
le corps immobile
yeux clos comme gisant
derrière la plainte
et la main qui quêtent
parmi les passants
le pavé indifférent
ne retient rien des ombres
ni des pas rien aucun écho
et poussière — quelqu’un se tient là
parmi les passants
le corps immobile
yeux clos comme gisant
derrière la plainte
et la main qui quêtent
combien compter de pantins.
dessous les corps pliés
les visages brûlés
de soleil et de pluie se cachent
quelle image ancienne revient
au loin des jours on marche
et c’est toujours de même voix
fausse parfois ou mimée que
la main s’ouvre comme orante
on demande du pain mais est-ce
seul ce qui manque au monde
de toujours cela que refuse
errer entre sur la place
l’errance s’emporte aussi là
la mémoire remue
le retour très ancien d’un inconnu.
au creux du silence que fait
le point du jour un feu sans flamme
le commun porche parcouru
de quoi ou qui s’éveille au cri
et cela chante bas — chœur irréel
au plus nu des ombres
un accord juste seul comme possible
on suspend des songes la note
au bruit que font dans les charmilles
tous les oiseaux — l’aile du temps.
sous un ciel bleu de soir
on ouvre les voies et l’hiver
d’un seul coup d’archet lancé là
au lieu exact soudain d’un son plus haut de soi
et le vent tourne autour du temps
nul ne sait où il va nul ne sait
comme dormir peut être hors de soi
simple forme noire jetée sous les arches
d’un pont d’une place la nuit.
des mains implorent
mais quel autre du visible
elles sont noires de ne plus
connaître la terre
ni l’outil
elles les désoeuvrées — comme tous ceux
qui se pressent — alors
s’asseoir comme on pleure
ou dresser des campements
sous les arbres des villes
ici on n’a pas sa place.
d’après le gel — la nuit
et la neige retenues
au plomb d’une eau noire
l’effroi des ombres
et l’appareil de pierre
au loin des corps et des formes
brisés
le vent de vivre — et le feu
très bas continu
tout entier sous la cendre.