on sait le vent sur la rive
la lisière est penchée
toute sans visage
au rebours du fleuve
mais l’eau en furie est sans
reflets sans accalmie
on demeure auprès d’un feu
bas et couvert
dans l’ombre plus calme
le geste humble renoue
au plus simple vivre
le jour ce peu qui tremble
sur le seuil on a laissé
brûler une lampe
en allées_81
en allées_80
ce rien que le jour lève
sous la la nuée de pluie
on est cela qui s’éveille
sans pourquoi
le dehors bruit d’averse
et la lumière tremble
dessus les flaques brèves
des lueurs
la poussière des nuits
tourne en astres irréels
à même l’eau noire
le souffle reste sans
prise sur la gangue du monde
il est temps de partir
en allées_79
un dehors du songe vivre
quelle chose en demeure
ici
dans un cri rauque et haut
ce sont des corbeaux
sur la lisière nue
quelques notes inscrites noires
à la portée des nuages
et les vents soudain doux
mènent la pluie
vers des terres trop sèches
pour accepter l’offrande
il faut entendre aussi
en soi le silence
en allées_78
cela qu’on entend haut
déjà un vol d’oiseaux
migrateurs dans les ciels
ouverts
ça et là les vents épars
dispersent la cendre
et l’hiver reflue à regrets
les ombres sont longues encore
on est aux chemins
aux lisières et au plus loin
des herbes sèches
ce peu de la terre
vivre ici comme rien
l’énigme vient bruire
en allées_77
ce dire tout un
qui va à l’inconnaître
peu à peu s’égare et s’éloigne
sans fin tout un monde étrange
sans forme éperdue
une plume tombe
pour un plus haut silence
que le sable accueille ici
ce rien un chant perdu
sans nom
et tout soudain un fleuve
delà les rives la nuit
de soi traversée
vers ce que l’on ne sait pasvers cela d’aucun savoir
en allées_76
cela du songe
que reflète l’eau d’un trait
ce sont des ciels
perdus et mêlés au monde
le vent fou à venir
ici pose une embâcle
et les branches brisées ploient
où le pas du temps va
quoi sonne sinon ici
la forge d’un vent fou
souffle en vain sur les flaques
le monde est ce torrent
et ces pluies froides
sans pitié
en allées_75
c’est sans mémoire
le feu froid d’un fer l’hiver
la peau et les yeux brûlent
la neige de printemps
on va tout à l’obscur
entendre la peine
parmi le temps des ombres
sous l’herbe désolée drue
on retrouve cela
dedans la grisaille
le regard se repose
sans chercher le loin
en soi ce rien
ici où revenir
en allées_74
quoi court dans les ciels
que filent les nuages de hauts vents
sinon le temps et la lumière
plus amples de jour en jour
on sait l’étendue
et la courbe des mondes
aux sillons tracés
dans les terres sans nom
quelques bois se courbent bas
au passage des trombes
çà et là on voit même
oeuvrer la fureur
et rien ne vient contrer briser
la passée nue d’un souffle
en allées_ 73
le temps se fige — une glaise
au décours des eaux froides
aucune image un méandre
et le vent et les nuées
rien autre que l’hiver
ici qui s’accroche et les fers
partout dressés pour déchirer
les corps
on revient à soi le sommeil
entend et retrouve souffle
lave les yeux
un oiseau au point du jour
vocalise
il faut partir
en allées_72
quel le savoir sans un mot
que la main a saisi
puis laissé là pour ailleurs
dans le temps
cela respire dirait-on
parmi la pierraille rouge
et les terres vaines
égrenées de quel lent travail
des formes noires brèves
nues après l’hiver
les arbres en dormance
on sait désormais où aller
delà le vent on emporte
dedans soi le seul silence