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prendre un temps et garder trace (lecture en public fin août 2017)

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I.

Ce peu de choses
au gré des aubes
ici de toujours
comme_une orée

au point du jour
sans pourquoi les yeux
se sont ouverts
où vivre va

en soi faire accueil
à toute forme vive
serait-ce celle de la nuit
constellées de quels souffles

pour un temps
les fins se dérobent
aux franges du visible
on marche sur une rive

où les vagues au sable se mêlent
cela que taisent les mots
cela au plus précis
du geste qu’est toute parole vraie

de seuil en seuil on cherche
les figures que forme le monde
elles les éphémères
saisons d’être

II.

aux branches nues encore d’hiver
la ronce éclôt toute soudaine
ce feuillage pauvre suffit
pour qu’un regard se lève hors le rien

et cherche sans comprendre
les astres dessus la friche
hors de toute mesure
l’obscur déploie les possibles

vivre s’ouvre d’une branche
l’autre – un continu de couleurs
va peindre la toile des mondes
de vies et de matières toujours à venir

et de toujours changeantes – les eaux
des printemps plus fluides vibrent
au passage du vent ce creux plus calme
c’est l’image des ciels qui revient

ingénue – bleue d’été
et l’air se feuillette de papillons
– au secret des ombres sur la rive
la souche a repris son obscur oeuvrer

par quoi la cime se lève au risque du vent
roseau dessous les chants de la mésange
– delà le risque des orages
les fruits mûrissent rouges

la pluie d’été doucement vient faire luire
d’infimes et brèves efflorescences
auprès des blés d’avant moisson
– puis la terre sèche éprouvée

l’automne goutte à goutte glisse
au repos sous les brumes
– le gel vient roussir et faire brûler
la couleur des feuillages en feux derniers

au noir des racines la terre
renoue l’attente d’une roche mère
où reprendre pied comme tout s’endort
– on entend le silence que fait tomber la neige

III.

çà et là des lampes viennent trembler
si frêles que même la nuit renonce
à venir éteindre d’un trait ces riens
qui vacillent sous les arches – le vent

un fredon de voix lointaines
résonne dessous le porche
puis cesse comme tout s’éteint
— ce qui entre ici a l’Ouvert

pour offrande – au passeur le nom des horizons.

 



nulle part 29

un rien de jour
traverse là
les persiennes
comme tout est clôt
calme
presque trop
on cherche
quoi manque

la vie continue
à petit bruit.


sine nomine 96

ici se réduit
une cendre
sans nom

la vie

le vent froid
attend l’heure
le souffle

simple rien

on va de soi
où cesse _ silence
puis reprend

la vie.

(variante au nulle part )


sine nomine 95

sommes pour rien
sans rien de  nous les jours
vont — cela vacille

sans dessein
chaque instant — un pas l’autre
et puis c’est la nuit

le froid sans ciel ni étoikles. 


sine nomine 94

quelle autre

route cela
même mêlée de pierre
et de ronces

eau tremblée

et la nuit se fige
murée de silences
absente

comme on chute.


sine nomine 93

devant soi
l’ombre des jours traîne
mais quels noirs

à défaire outre
et la rive déjà prochaine
s’éboule  sous l’écume

de tout ce qui n’est pas.


sine nomine 91

ce loin seul
toujours à œuvrer
au dessein des vents
toujours à œuvrer

le sable puis les vagues

ô les sans limites
— au seuil des moraines
des fruits d’églantiers brûlent rouges

dans l’autre nom les infinis.


sine nomine 90

 

comme musique à naître

dessous la toile
d’un trait net
la trame qui fut

ce lieu 

le monde se déchire
à même sa béance
— qui pour savoir marcher

là à se jouer du vide.


sine nomine – 89

on a de la rive
longé les ombres
et là au creux

de tout le visible

le froid
que créent le vent
et l’eau sourde

une épave forme noire passe flottée.


sine nomine 88

nuit dedans
et dehors tout
ce qui passe

l’obscur
un chenal sans
fin mais pour qui

mais vers quoi?