Exercice commun au fil de tout le mois de novembre 2012, grâce aux expressions choisies parmi celles livrées chaque matin par Georges Planelles.
Filer doux jusqu’’à l’alpha et l’oméga en tentant de franchir le pot au noir sans la paille et la poutre car nous n’avons pas gardé les cochons ensemble du temps de Mathusalem. Patin couffin…. Parfois nager entre deux eaux sans oser jeter l’éponge ni brûler mes vaisseaux. Ouf ! Tonnerre de Brest.
Merci de cette expérience que je pourrais illustrer grâce à cette photo du 11 septembre 2012
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.Le texte de Danielle est téléchargeable ici, pour une lecture dans sa mise en page originale. Ma contribution aux Vases Communicants de décembre est accueillie ici, sur Jetons l’Encre.
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Acrostiche I : Filer doux
Faudrait peut-être voir à vous éclaircir la voix.
Impossible de saisir le moindre mot de ce que vous me dîtes.
Les sons sont inaudibles.
Essayer d’ar-ti-cu-ler.
Restez ! Ne me laissez pas seule ! S’il vous plaît…
Décrochez votre téléphone, s’il vous plaît !
Oubliez mes récriminations, s’il vous plaît !
Un simple malentendu.
Xénomane, xénophobe. Je ne sais ce que vous êtes ! Je vous quitte à jamais !
Acrostiche II – L’alpha et l’oméga
La souffrance la plus souffrante à faire surgir
Telle est la consigne donnée.
Allons fouiller dans le passé,
Mais c’est nier les prochaines qui arriveront
Là-bas, ici ou ailleurs
Hier, aujourd’hui, demain, jamais, toujours.
Possible de tourner, virer, chercher
Creuser, plonger, appeler.
Hurler, pleurer
Se taire, s’enfoncer, tuer.
Arriver à hiérarchiser ses propres souffrances
Impossible. Les souvenirs, surtout les malheureux, se sont envolés
Évident, mon cher Watson
Mais, moi, je ne veux pas. Je me rebelle.
Tentative impossible, refus de la revivre, les revivre,
C’était dans un autre temps, oublié, noyé par le chagrin.
Les mots ne viendront pas, se déroberont
Ils oublieront l’agencement des lettres. Ils resteront muets.
Ou alors, finasser avec elle, la souffrance, la douleur.
Elle se rebelle, veut rester cachée au fond de la mémoire.
Mais oui car aller la déterrer, la fera revivre, lui redonnera des forces
Elle doit rester enfouie.
Energie impossible à trouver.
Les bras en tombent. L’esprit est embrumé.
Gagnons du temps.
Une consigne est faite pour être détournée.
À l’abordage ! Refus de se réveiller pour la souffrance
Point final.
Acrostiche III – Le pot au noir
Le phare au milieu des flots
Éclairait terre et mer à la fois.
Pourtant il n’est plus habité
Obscur – éclairé – obscur – éclairé
Terrible constatation
Au siècle dernier
Un homme l’habitait
N’hésitant pas à braver la tempête
Oubliant ses frayeurs
Illuminant l’étendue infinie d’eau
Rêvant d’un sommet enneigé.
Acrostiche IV – La paille et la poutre
Le vendredi ouvre ses yeux
Attention
Prépare ses valises
Attention
Inquiet
Les trains sont souvent en retard
Les avions oublient de décoller
Énervé, même très énervé ce vendredi-là
Énergique aussi
Très envie de dépaysement
Le vendredi est en route
Attention
Pourra-t-il vraiment
Oublier
Une semaine
Trop banale
Rarement cela lui est arrivé
Énervé, il bouscule tout sur son passage.
Acrostiche V – Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble
Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble !
Osez-vous me dire.
Une telle phrase dans votre bouche…
Sérieusement !!!
Nous avons, certes, seulement regardé le dessous des feuilles !
Ah! Vous ne vous en souvenez pas?
Vous m’offensez !
Oubliez-vous votre veste en cachemire beige
Nonchalamment posée sur mes épaules après
Souvenez-vous !
Pourtant vous étiez charmant
Amoureux, ai-je cru…
Sacripant, même oserais-je ajouter !
Glacée aujourd’hui par votre
Attitude.
Ravagée par votre
Dédain
Énervée, rageuse, tourmentée, furieuse…
Les bonnes choses s’oublient si vite
Écœurée par votre mauvaise foi
Sachez que oui, nous n’avons pas gardé les
Cochons ensemble.
Oublions ces promenades main dans la main !
Ces moments que nous avons partagés
Honte à vous!
Oublions, pardon oubliez-moi.
Nous n’avons jamais visité ces lieux.
Silence !
Énorme ce refus de se souvenir
Navrante votre attitude
Simplement blessante à mon égard
Énorme goujaterie de votre part
Malotru, vous êtes !
Blessée, meurtrie,
La phrase que vous venez de prononcer
Efface à jamais mon souvenir de vous.
Acrostiche VI – Vieux comme Mathusalem
Vivement dimanche !
Impossible de le retenir.
Énervé et comptant les jours…
Un, deux, trois, quatre, cinq…
Xénon s’apprête à partir sur la lune, nous affirme-t-il !
Cet enfant est infernal !
Obsédé par la conquête de l’orange bleue,
Major de la petite section de son école,
Manipulant ses petits camarades
Et souhaitant les entraîner dans son expédition
Mordant le premier qui le contredit,
Abandonnant toute retenue,
Tachant son costume de cosmonaute immaculé
Hurlant « Je veux la lune ! »
Ukase tétanisant tout le monde
Saurons-nous le raisonner ?
Aurons-nous assez de persuasion ?
L’enfant soudain se tut.
« Eh… je ne suis pas fou !
Méchant ! Vous êtes méchant ! Je veux la lune ! »
Acrostiche VII – Patin – couffin
Patati et patata !!!
Allez… arrêtez ces bavardages sans fin.
Tiens ! Cela vous a cloué le bec.
Insolent !
Niez que vous étiez en train de parler de moi !
–
Comment !
Oseriez-vous me mentir ?
Un subterfuge pour vous défiler.
Filez !
Fieffé coquin vous êtes !
Impertinent !
Niez que vous étiez en train de parler de moi !
Acrostiche VIII– Nager entre deux eaux
N’écoutant que la colère qui monte en elle
Au bout de ses nerfs en pelote
Gardant au fond d’elle
Enfouis au plus profond
Rancœur et regrets
Elle ne sait plus
Non née de la dernière pluie
Tendre sa deuxième joue
Rendre coup pour coup
Étreindre son ultime peine
Déterminée
Extenuée
Ulcérée
Xylocope parfois
Elle décide soudain
A la pointe du jour
Un dernier geste
Xiphoïde
Acrostiche IX– jeter l’éponge
« Jeu de mains
Et de vilains
Tais-toi ! »
Énervé
Regardant par en-dessous
L’homme
Éructant ces mots
Profitant d’une accalmie
Ombrelle jaune à la main
Négligeant sa tenue
Gorge déployée
Élimina son ennemi imaginaire.
Acrostiche X – Brûler ses vaisseaux
Brisant sa parole donnée,
Regardant au lointain,
Un affreux Jojo
Levant l’ancre demain à l’aube
Est décidé à rompre les amarres
Rêvant d’horizon infini.
Sa destinée était écrite
Et devait s’accomplir
Synonyme d’espoir.
Vivant
Amoureux
Iconoclaste
Silencieux
Seul
Et déjà parti là-bas à la Pointe du Raz.
Abrité ses amours défuntes
Ubuesque mieu-
X dantesque.
Acrostiche XI– Tonnerre de Brest
Terrible échéance arrivant à grands pas
Oubli du temps qui passe trop vite
Ne pas regarder en arrière
Ne se régaler que des mots échangés depuis le 27 septembre dernier
Écrire, écrire
Rabâcher, rabat-joie, radoter,
Rafraichir, rager, railler
Écrire encore et encore
Difficile cet
Exercice relevant du défi
Balade au pays d’un drôle de poète
Ravie d’avoir lu en primeur ses mots
Esbaudie de cet honneur
Sacrement fière d’avoir pu échanger
Terrifiée aussi … par cette suite de mots sans queue ni tête … offerte à vos yeux.
Tiers Livre (http://www.tierslivre.net/) et Scriptopolis (http://www.scriptopolis.fr/) sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.
Tous les échanges de décembre sont recensés ici: http://rendezvousdesvases.blogspot.fr/2012/11/liste-des-vases-communicants-en-decembre.html
et saluer ici, comme il se doit, l’immense travail de recension accompli par Brigitte Célérier, sans oublier sa lecture de l’ensemble des vases communicants, à paraître dans les jours qui suivent, sur paumée.