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mobiles errants — 107

au comme_un du sable
ce laps incertain

et la vague inscrit

ce qui d’elle flue
et ne peut qu’aller

le monde incertain

infini et fluide
au rebord se renoue l’abrupt

hors la roche-mère.

 


pechakucha // médiathèque Malraux (lecture du 22/11/2013)

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On a tracé cela, d’un geste – dans le dire – l’absence mêle tout ce qui fut, tout ce qui est – un jour, un simple jour, – un plain-chant, même ici, ici où rien ne semble pouvoir être.

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C’est. Et comme donné : un. Cela qu’on ne sait jamais ni toucher ni sentir ni atteindre ni étreindre. Seul et là, tout d’un bloc. Tout un à l’indistinct, tout un à la Nuit.

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Comme_un. Ici. Ici même. On peut errer on peut aller, on peut chercher. Quoi – sinon ce qui est sans autre question. Ici – où écrire est naître à l’énigme, « la Rose est sans pourquoi. »

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On dirait un rien. Peut-être du sable. Rien. Rien qui ne soit qu’un reflet, en creux – d’où toute lumière procède. Même absente. Mais ici on peut. Aller. Simplement au loin aller.

 5

Le rivage d’être porte les pas. Et les chemins s’effacent. Ce ne sont jamais que traces de peu. Ce ne sont toujours que signes effacés – renoués. Un feu a brûlé là. La vie. À son plus nu.

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Et quel lieu autre que ce lieu? À toutes les surfaces du monde, on ira le choisir : cette page, cette chaise, cette table. Où lire – où écrire. Cet angle de la lumière. Cette pierre de touche.

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L’ombre mouvante des arbres. Le plein vent sur la falaise. Un toucher contre soi. A l’intérieur de soi. Qui vient. Accordé. Ou ne vient pas. Qui est. Et doit être. On le rejoint.

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On se rejoint, tout un. Où jamais encore parole n’avait foulé. Et cela était déjà. On ne le savait pas. Une voix. Il suffit parfois d’une voix. Ou bien même pas. Pas même une voix.

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Quelque chose de son défaut, un vibrato. Repris obstinément. Tenu. Juste. Le mouvement des arbres l’hiver. Vers la vie. Et un lieu répond. De tous ses espaces, un lieu répond.

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Un silence où faire silence. Soi au plus loin de soi. Un silence. Soi et sans le labyrinthe moi – un lointain. L’horizon ouvre l’enfance toute – reconnue – obscure – et sa nuit n’est pas la Nuit.

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Voir, entendre. Échos. Diastoles-systoles, en échos. Et un temps entre, qui est, lui aussi, de se mouvoir, qui est de soi la nuit en soi, – une, harmonique et nue.

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Toute une à sa présence, une main mais quelle vient écrire, mais quoi sur le sable – puis le vent, puis les aubes passent, ce qui était n’est plus, ce qui fut demeure.

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Le visible – et la mémoire danse vraie le loin de chacun des gestes – qui sont, qui ne sont plus, ni paraître ni disparaître – qui sont – un accord, un accord juste, même pour rien.

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Tout est à soi son éphémère, chose comme_un dire – qu’importent les mots, qu’importent les rues, qu’importe la forme des villes, qui toutes dit-on changent plus vite que le cœur des mortels.

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Des mésanges passent dans l’hiver, et la nuit même longue étend déjà le chant des aubes – leur commun ajour recommence d’encore un instant – recommence d’encore être à venir et de toujours.

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Comme cela qui échappe, le sable de la dune, l’eau au creux de la main, la neige de tout le possible, la lumière des astres errants, aux confins, et toujours leur amont où lire où écrire encore songe.

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Le plus ancien du rêve recommence l’oubli – celui où le jour neuf s’éveille et premier et de toujours – voir au creuset de l’encore aveugle – et de ce seul lieu connaître.

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Connaître où partir, connaître et remettre au devenir les formes changeantes que laissent les ombres dans les soirs d’été, les matins d’hiver, les constellations que rien n’égare jamais, luisent.

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Quoi que cela soit, où tout est ténèbres – l’immensité nue, parcourue d’étoiles _ seulement là – vivre. // La suite des aubes, l’arpège des soirs – entre chaque temps la seule mesure, comme_une elle rêve.

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Le fracas des eaux, la lumière sur la pierre, tout un monde comme voilé de brume revient à même la main: au moindre du geste vrai – ce peu – un lointain et le proche ouvrent tout du silence.

Texte rédigé pour l’inauguration de l’@ppli, espace de médiation numérique des Médiathèques de Strasbourg – à l’invitation de Franck Queyraud.
Cinq auteurs  du Web – cinq lectures numériques originales : Cécile Portier, Jessica Maisonneuve, Jean-Yves Fick, Pierre Ménard et François Matton. Ne ratez pas cet événement… autour du mot Oloé, inventé par Anne Savelli.

Texte des lectures de :

Cécile Portier

Pierre Ménard

Jessica Maisonneuve

François Matton.


IV, 3

Blanc d’où s’écoule le calme,  le vide bascule l’évidence la nuit.  Silence, l’écoute est de respirer ce silence, même l’écho vaciller  respirer sans cesse respire, écoute. Ce sont vertiges des corps que le pas, la chute, le souffle, ils chancellent et repartent sur la toile du monde, attente leurs pas, un halo dans le blanc vient rythmer l’intervalle. Le flot est à la forge d’ombres, le feu ne laisse pas voir son visage.


IV, 2

L’étoffe rêche du jour, à se déchirer brève, puis l’empan des étoiles visible. De la trame trouée, l’évidence plus nette,  l’intervalle seul;  la nuit ouverte erre son propre silence, le seuil insoutenable.  D’ici où cheminer encore, d’ici où s’enracinent des arbres, d’ici seul la roche terrestre touche -constellée – la voûte bleue éblouie.  Sur la scène nocturne, passent les feux, passent les éclipses,  des ombres aveuglantes tournoient en contrejour.


III.5

Le versant d’ici reste toujours à gravir, et sa nuit sans étoiles, et son absence toute. Au passant qui errait, la Nocturne d’un geste prend la main. Soient aubes ses feux noirs et la danse féroce qu’elle mène.

 


IV. 1

Aux pierres du chemin s’appose le pas lent, s’ajustent le corps et les souffles, mais voici: la ravine que creuse  la seule violence des pluies se laisse franchir. L’obstacle noueux des racines retient à peine le sol, où des mains – mais quelles –  ont risqué les vergers et les arbres d’ailleurs. Puisque vient l’éclaircie d’avant la nuit, les feuilles sèches s’envolent à ne connaître ni l’orage ni sa fureur, qu’attestent les grands pans de blocs éraillés vifs, eux,  les stèles qui dévoilent l’entrée. Les abeilles chantent qui annoncent la foudre.


III.4

Au toucher de la pierre, la main s’éprouve déchirée. S’avèrerait-elle moins fragile qu’elle ne pourrait effleurer le feu retenu dans la ligne des branches. Ni faire de l’écorce, qu’elle la délicate,  dépose au ruisseau d’été, ce navire frêle et précaire qu’attendent le soir et l’écume éphémère.


III.3

Un feu d’air calme –  le souffle l’aube  le soir   – les brasiers lents du jour. De l’horizon s’estompe et s’approche la ligne ouverte irréelle, ce qui est. On peut avancer d’un pas, d’un autre peut-être, on va alluvion de vent laisser regard et corps tracer leurs sillages parmi ce qui n’a plus ni proue ni poupe.


III. 2

En trois phrases passe outre la forme du jour inachevé. Les graminées folles ploient lignes sous les arbres, la main égrene quelques pierres de son erre. Ce n’est que d’être d’un geste imparfait la foudre,  l’éclat du verre brisé trahit le fossé.


III.1

Le gel ne brise pas plus la pierre déserte que ne le fait l’été de la scène la canicule. Du violent  jamais que rien ne peut transir, les heures s’ensorcèlent d’un seul cri. Les ombres hiératiques viennent se brûler,  le tain dépoli trop glacial de l’acier les dissipe.